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La Princesse Camion

moi & ne raiſonne pas. Comment, hélas ! l’aurois-je pu ? J’étois ſi troublée & ſi mourante de me trouver à ſec, que je n’avois pas la force de parler. Elle me prit par la queue, & me tira, non ſans ſouffrance, dans un ſallon de marbre vert qui étoit proche de ſa grotte, & elle me mit dans une cuve d’or pleine d’eau, où je commençai à reprendre mes eſprits. La bonne nymphe en parut ravie. Je m’appelle Citronette, me dit-elle, je ſuis commiſe à ta garde, tu peux m’ordonner tout ce que tu voudras ; je ſais parfaitement le paſſé & le préſent ; pour l’avenir, il ne m’appartiens pas d’y pénétrer : ainſi, commande, & du moins je pourrai t’aider à paſſer le temps de ta pénitence, ſans t’ennuyer. J’embraſſai la bonne Citronette à ces mots, & je me mis à lui conter les événemens de ma vie ; enſuite je lui demandai ce qu’étoient devenus le roi & la reine.

Elle alloit me répondre, lorſqu’une Marmotte effroyable, grande comme une perſonne, entra dans le ſallon, & me glaça d’horreur. Elle marchoit ſur les pieds de derrière, & s’appuyoit ſur une baguette d’or qui lui donnoit aſſez de grâce. Elle s’approcha de la cuve, où j’aurois voulu pou-