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La Princesse Camion.

voir me noyer, tant j’étois effrayée, & levant cette baguette dont elle me toucha : Camion, me dit-elle, tu es en ma puiſſance, & rien ne peut t’en retirer que ton obéiſſance & celle de l’époux que mes ſœurs t’ont deſtiné. Écoute-moi, & perds cette frayeur qui ne ſied pas à un grand courage. Dès ton enfance, je voulus prendre ſoin de toi, & te marier à mon neveu, le roi des Merlans ; Lumineuſe & deux ou trois autres de mes ſœurs s’étoient déjà emparées de ce droit ; j’en fus fâchée, & je fis tomber ma mauvaiſe humeur ſur toi ; ne pouvant rien ſur elles, je réſolus donc de te punir de leur entêtement, & je te douai d’être baleine au moins la moitié de ta vie. Mes ſœurs crièrent tant à l’injuſtice que je diminuai ma vengeance des trois quarts & demi ; mais je me réſervai pour ma complaiſance de te faire épouſer mon neveu. Lumineuſe qui eſt impérieuſe, & malheureuſement au-deſſus de moi, ne voulut pas entendre à cet accommodement, parce qu’elle t’avoit deſtinée avant moi à un prince qu’elle protège. Il fallut donc encore en paſſer à ſon avis, malgré mon reſſentiment ; tout ce que j’en pus obtenir, c’eſt que le premier qui te délivreroit de mes