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La Princesse Camion

pattes, ſeroit ton époux : voilà leur portrait, interrompit-elle, en me montrant eſſectivement deux boëtes d’or : tu les connoîtras à cela ; mais ſi l’un des deux vient pour te délivrer, il faut qu’il te donne la foi de mariage dans la cuve, & que pour en ſortir, il écorche une à une tes écailles de baleine ; ſans cela tu reſteras toujours poiſſon. Mon neveu ne s’en inquiétera pas : mais pour la protégé de Lumineuſe, il trouvera cela fort vilain, car il m’a l’air d’être un petit monſieur bien délicat. Emploie donc ton adreſſe pour te faire écorcher ; & après cela, tu ne ſeras plus malheureuſe, ſi c’eſt l’être que d’étre une belle baleine bien groſſe & bien nourrie, & d’avoir de l’eau juſqu’au col.

À ces mots, que je laiſſai ſans réplique, je demeurai très-affligée, tant de mon état préſent que de l’écorcherie où je devois paſſer.

Marmotte diſparut en nous laiſſant les deux boîtes à portrait. Je pleurois mes chagrins & ma ſituation, ſans ſonger à les regarder. Lorſque la bonne & pitoyable Citronette me dit : Allons, il ne faut pas s’affliger des maux auxquels on ne peut remédier. Voyons ſi je ne puis pas vous aider à