Page:Le cabinet des fées - ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux - 33 (1786).djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
La Princesse Camion.

à vous conſoler ; d’abord, tâchez de ne pas tant pleurer, car j’ai le cœur tendre, & je ne puis voir vos larmes ſans avoir envie de les accompagner des miennes. Diſſipons nous en regardant ces portraits. En achevant ces mots, elle ouvrit la première boîte, & me la montrant, nous fîmes toutes deux des cris de Meluſine, en voyant une vilaine tête de merlan, peinte cependant avec tout l’avantage qu’on avoit pu lui donner ; mais malgré cela, de mémoire d’homme on n’a jamais rien vu de ſi laid. Ôtez-moi cet objet, lui dis-je, je ne puis en ſoutenir la vue davantage. J’aimerois mieux être Baleine toute ma vie que d’épouſer l’horrible Merlan. Elle ne me donna pas le temps d’achever mes imprécations contre ce monſtre. Voyez, dit-elle, ce jeune mignon ; oh ! pour celui-là il peut nous écorcher à ſon plaiſir, nous n’en ſerons pas ſi fâchées ! Je regardai vîtement ſi ce qu’elle diſoit étoit vrai, je n’en fus que trop-tôt convaincue. Une phiſionomie noble & charmante ſe préſenta à mes regards ; des yeux tendres & fins embelliſſoient ce viſage plein de douceur & de majeſté ; il y règnoit un air d’eſprit qui achevoit les grâces de cette délicieuſe peinture ; de grands cheveux noirs, bouclés natu-