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La Princesse Camion

rellement, y donnoient un air que Citronette prit pour de la nonchalance, & auquel je ne me mépris pas quand je n’y trouvai que le charme de la tendreſſe.

Je regardois donc cette jolie figure avec un plaiſir dont je ne m’appercevois pas, Citronette le remarqua la première. En bonnefoi ! s’écria-t-elle, voilà celui que nous choiſiſſons. Cette folie me retira de ma rêverie, & rougiſſant de mon extaſe : à quoi bon ſe flatter, lui dis-je ? Ah ! ma chère Citronette, ceci m’a bien l’air d’être encore un tour de la cruelle Marmotte ; elle a épuiſé ſon art pour me donner le regret de ne jamais trouver un objet ſemblable dans la nature. Comment ! dit Citronette, déjà des réflexions ſur ce portrait ? Ah ! vraiment je ne m’y attendois pas ſitôt. Je rougis encore de cette mauvaiſe plaiſanterie, & je devins toute embarraſſée d’avoir découvert trop naïvement l’effet que produiſoit ſur mon cœur cette belle peinture. Citronette connut encore ma penſée. Non, non, dit-elle en m’embraſſant, ne vous repentez pas de cet aveu, votre bonne foi me charme ; & pour vous conſoler, je vous dirai que Marmotte ne vous trompe point, & qu’il y a dans le monde un prince qui eſt le vérita-