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La Princesse Camion.

ble original du tableau. Cette aſſurance me donna de la joie dans le moment ; mais l’inſtant d’après je la perdis en ſongeant que ce prince ne me verroit jamais, puiſque j’étois dans les entrailles de la terre, & que Marmotte, par ſon pouvoir, feroit plutôt percer ma demeure par ſon monſtre de neveu, que d’aider le moins du monde un prince qu’elle haïſſoit à cauſe qu’on me l’avoit deſtiné ſans ſon aveu. Je ne cachai plus ce que je penſois à Citronette ; ma feinte même eût été inutile, car elle liſoit avec une facilité ſurprenante les plus ſecrettes de mes penſées ; j’aimai donc mieux m’en faire honneur, elle le méritoit par ſon attachement pour moi, & j’y trouvai une grande conſolation ; car j’éprouvai dès ce jour que quand on a le cœur rempli d’un objet, on eſt bien heureux de pouvoir en parler. Effectivement, j’aimai dès ce moment, & Citronette me débrouilloit avec bien de l’eſprit & de la clarté, la confuſion & le trouble que porte dans une ame le commencement d’une grande paſſion. Elle adouciſſoit ma douleur en m’en laiſſant parler ; & quand j’étois épuiſée de paroles, elle changeoit doucement la converſation qui rouloit preſque toujours ſur ma tendreſſe & ſur mes cha-