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La Princesse Camion.

ſeroit reléguée, choiſirent d’y venir plutôt que de s’éloigner d’elle, malgré ce qu’ils avoient à craindre de la cruauté & de la férocité du roi Merlan, que ſa tante avoit fait couronner roi de ces hommes-poiſſons. Les fées ne leur déguisèrent rien de la deſtinée de la princeſſe, & le roi ſon père demanda à être le gardien des offices & du mortier de Merlan. Auſſitôt la fée lui donna un coup de baguette, & il devint tête de brochet, tel que vous l’avez vu dans ſa ſonction ; & vous ne devez plus être ſurpris de l’avoir toujours vu pleurer amèrement, quand vous apportiez les écreviſſes pour les piler ; car comme il ſavoit que ſa fille devoit ſubir ce ſupplice, il croyoit toujours que c’étoit elle que vous apportiez, & ce malheureux prince n’avoit pas un inſtant de repos, parce que ſa fille n’avoit rien qui pût la faire reconnoître. Pour la reine, elle demanda à être changée en écreviſſe, afin d’être avec la princeſſe ; cela fut exécuté. À notre égard en arrivant ches Merlan, la fée nous préſenta à lui, & lui ordonna de ſe faire faire un bouillon d’écreviſſes tous les jours. Nous fûmes jetées dans le réſervoir après cet ordre. Mon premier ſoin fut de chercher la reine, afin d’adoucir un