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280 La Princesse Camion

peu les chagrins de la princeſſe : mais ſoit l’ordre du deſtin, ou mal-adreſſe de ma part, il me fut impoſſible de la trouver. Nous paſſions nos jours à nous affliger en la cherchant, & nos plus beaux momens étoient ceux où nous nous rappelions les circonſtances de notre malheureuſe vie. Vous arrivâtes enfin, on nous préſenta à vous ; mais il nous étoit défendu de nous faire connoître avant que vous nous interrogeaſſîez, & nous n’oſions enfreindre cette loi, tant nous étions ennuyées d’en ſubir la rigueur pour des bagatelles. La princeſſe me dit qu’elle avoit penſé mourir de frayeur de vous voir en converſation avec la cruelle Marmotte : nous vous vîmes parcourir nos compagnes avec une impatience mortelle, devinant bien qu’au parti que vous aviez pris, vous ne viendriez pas ſitôt à nous. Nous ſavions auſi qu’il falloit être pilées, mais nous avions appris qu’auſſitôt nous ſerions rétablies dans notre premier état, & que la méchante Marmotte n’auroît plus d’empire ſur nous. La veille du jour que vous deviez commencer à nous faire ſubir ce ſupplice, nous étions toutes à pleurer notre deſtinée, & nous nous étions raſſemblées dans une cavité du réſervoir, lorſ-