Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/112

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— Je veux voir le cuisinier, insista la dame.

Un des serviteurs sortit puis la porte s’ouvrit à deux battants. Un vieillard aveugle, comme Œdipe, fit une entrée vacillante, soutenu par deux jeunes garçons : il y avait dix-huit ans qu’il ne faisait plus la cuisine mais il était toujours « le cuisinier ». Indignée, la dame le renvoya comme bouche inutile, selon son expression. Le soir même, — elle avait un grand dîner, — il ne se trouva personne pour le préparer et personne non plus pour le servir : tous les domestiques étaient partis.

Il convient également de ne pas avoir sur la propreté des idées occidentales. Je déjeunais chez une charmante femme dont la table à Pékin est célèbre, et comme je la félicitais de son menu elle me dit :

— Oui, c’est un chef parfait, mais au début je ne l’aimais pas. Maintenant, nous nous entendons.

Et elle se mit à rire.

— Que s’est-il passé ? demandai-je.

— Voilà. En venant ici, j’avais encore mes manies françaises et j’exigeais que chez moi tout fût propre, et notamment la cuisine. Au bout de huit jours, je résolus