Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/120

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fait qu’un chef-d’œuvre soit ancien ajoute-t-il à sa qualité ? L’important est que ce soit un chef-d’œuvre. Ils ne sont pas comme nous victimes du préjugé des siècles. C’est nous qui attachons au temps une valeur qu’il n’a point. Les siècles, en Extrême-Orient… cela a si peu d’importance !

Notre goût pour les choses anciennes se justifie en Europe où certains métiers d’art ont non seulement évolué, mais disparu. En Chine, rien de semblable : un potier, dans sa boutique immuable, use des mêmes procédés qu’un potier du temps de Confucius et se sert des mêmes outils. Aussi, un artiste digne de ce nom ne se contente-t-il pas toujours de restaurer une œuvre d’art, souvent il l’a recrée. Il aime trop son métier pour ne pas éprouver le besoin d’embellir le bibelot qu’il a découvert.

Sans doute, il existe chez certains antiquaires des objets faux au sens européen, mais il n’ont la prétention de se faire passer pour anciens que lorsqu’il se présente des clients incultes, primaires et généralement pressés, et non des amateurs délicats qui savent apprécier une œuvre d’art, l’examiner longuement en fumant une cigarette