Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Envoûtement



Pékin n’est pas une ville que l’on aime tout de suite, mais son charme opère comme une drogue. Charme glissant, fluide, qui chaque jour vous enveloppe davantage, envoûtement indéfinissable qui ne ressemble à rien de ce que j’ai connu.

Le temps n’existe pas. Une montre n’a de sens qu’arrêtée. Il m’arrive de passer une journée entière dans les rues et le soir, à des amis qui me demandent :

— Qu’avez-vous fait tout le long du jour ? de répondre :

— Je ne sais vraiment pas.

Et cependant, cette journée demeure en moi inoubliable.

L’âme dépaysée, je vis dans un étonnement constant, parmi des énigmes qu’il serait vain de vouloir déchiffrer. J’ai passé des soirées avec des Chinoises et des Chinois, à aborder les sujets les plus divers :