Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/127

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je ne sais rien d’eux après notre conversation. Glissants… C’est cela, ils sont glissants.

J’ai lu leurs poèmes, que parfois j’ai cru comprendre. Un Anglais avait traduit les vers de mon ami Lu, le poète, et m’avait prêté sa traduction. L’une des poésies m’avait particulièrement frappé. Comme admirativement j’en résumais le sens à Lu, celui-ci me regarda avec surprise :

— C’est bien cela que votre poème veut dire ? demandai-je déconcerté.

Et Lu de me répondre :

— Mon Dieu, il peut vouloir dire cela aussi.

J’ai écouté leur musique. J’ai quelque oreille et j’ai essayé de fredonner leurs airs : impossible. Ils ont des quarts de ton qui ne nous sont pas perceptibles. Je me suis fait expliquer une pièce à laquelle j’ai assisté : j’en ai tout compris, sauf l’essence, et les motifs mêmes pour lesquels j’admire leurs chefs-d’œuvre ne sont pas les raisons qui les leur font admirer.