Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/140

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vous verrez, il y a une nouvelle livrée, elle est magnifique.

À neuf heures, pour me rendre en Bolivie, vêtu d’un smoking blanc et paresseusement renversé dans mon rickshaw, je traverse dans la langueur du soir le quartier des légations : un Deauville d’Extrême-Orient et d’avant-guerre.

Mon coureur coupe au plus court par les jardins de la légation d’Angleterre. La légation est un adorable palais mandchou autour duquel, disséminés dans les bosquets, s’érigent les bungalows des secrétaires. Là-bas, les soldats du bodyguard rient et jouent.

Je franchis la grille blasonnée où veillent deux jeunes athlètes en kaki et débouche dans une avenue rose que fleurissent des mimosas du Japon. D’autres rickshaws me croisent et d’autres smokings blancs. Émergeant de leurs rickshaws comme des fleurs d’une corbeille, des jeunes Européennes en toilette du soir, une dame eurasienne, quelques Chinoises. C’est une symphonie de couleurs claires. On n’entend pas le trot des coureurs. Une tendre paix