Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tombe du ciel turquoise où, parmi les étoiles qui s’annoncent, la douce lune commence à briller.

J’essaie de repenser au ménage Duke et je me dis que mon dîner en Bolivie sera assombri par tant de dramatiques nouvelles. Je me le dis, mais sans y croire ; suis-je assombri moi-même ? J’ai beau évoquer les bons visages heureux du vieux couple, ils s’estompent, reculent, disparaissent imprécis vagues, déjà oubliés : c’est Pékin…

Sur le perron de la légation de Bolivie, deux boys attendent, engoncés dans des costumes théâtraux : c’est la nouvelle livrée et il est vrai qu’elle soit magnifique. Les boys sont rouge, vert et or et, de leur chapeau conique, pend un gland pourpre au bout d’une tresse d’or.

Du perron, j’aperçois les jardins. Ils brillent en contrebas sous des lanternes multicolores qui éclairent dans les fontaines les lotus et font briller les poissons-traînes. Panchito me guette dans l’antichambre. Il a un visage préoccupé, — c’est la première fois. Anxieux, je lui demande :