Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/183

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En effet, un ami depuis quinze ans dans ce pays me racontait qu’à Tamen, quelques années après la guerre, un arc-de-triomphe s’élevait portant encore à son faîte une banderole solidement attachée où s’étalait, en allemand et en langue autochtone, une Proclamation de Guillaume II insolente Pour la Chine. Comme mon camarade disait à un Chinois :

— Comment pouvez-vous laisser subsister une inscription pareille ? Vous devriez l’enlever !

— Oh ! pourquoi ? répondit le Chinois. Elle tombera bien toute seule.

Et l’autre soir, à dîner, mon ami, le poète Lu à qui je demandais ce qu’il pensait de notre révolution de 1789 ne m’a-t-il Pas déclaré :

— Il s’agit ici d’un événement tellement récent que pour le juger il convient d’attendre.

Ils ont une autre perspective que nous. Ils n’ont pas la même mesure du Temps. Et peut-être est-ce là ce qui nous sépare le plus.