pie un train chinois en panne sous le soleil : il est vide. Il paraît qu’il est là depuis plusieurs heures ; aussi tous les voyageurs l’ont-ils quitté. Je les aperçois enfin, par terre, entre les rails, couchés sous les wagons pour avoir de l’ombre ! Ne repartant pas avant vingt minutes, j’ai le temps de voir le spectacle de plus près. Étendue, une famille chinoise s’évente sous le wagon postal, en prenant le thé. Un jeune homme dort sur le dos, ses longues mains à plat sur ses genoux. Tout de même, si le train leur faisait la blague de repartir ! Deux cigognes, qui s’étaient posées sur un wagon, s’envolent l’une derrière l’autre, le cou tendu et les ailes droites, et se diluent dans le ciel chinois.
Je regagne mon compartiment pour retrouver les ventilateurs.
Enfin, Moukden ! Je me demandais s’il avait beaucoup changé depuis Forestier et Mauconseil : rien n’a bougé, sauf toutefois que les Japonais ne campent plus, installés dans un pays que l’ordre, grâce à eux, rend à peu près habitable.