Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les soirs : sans doute le besoin de se retrouver parmi des blancs.

— C’est terrible de vivre ici en célibataire, me confie le jeune Z… qui, âgé de trente ans, est depuis sept ans à Moukden. Je ne gagne pas assez pour deux, soupiret-il.

— Il y a pourtant une société, par conséquent des distractions.

— Une société si l’on veut. Un petit groupe international : il suffit d’être de race blanche pour en faire partie. On joue au bridge, une fois par semaine on danse au club. Il y a sept ans que je vois les mêmes visages ! Personne n’a plus rien à dire à personne. Aussi, le soir, je ne sors plus.

— Vous lisez ?

— Non, pas après mon travail.

— Vous avez une radio ?

— Pas même un phono.

— Les femmes ?

— Non. Elles sont toutes mariées ou ce sont des Chinoises. C’est compliqué.

— Alors ?

Il me regarde, hésite et sourdement répond :

— Je bois.