Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en foisonne, mais ces êtres magnifiques sont tellement modestes qu’on n’apprend leur sacrifice que lorsqu’il est consommé : chacun d’eux est le Soldat inconnu.

Il ne s’agit pas ici de religion, — je ne suis pas qualifié pour en parler. Je me place simplement au point de vue humain et français. C’est notre prestige que maintiennent en Extrême-Orient ces lazaristes, ces dominicains, ces jésuites, ces frères de la Doctrine chrétienne, ces sœurs. Ce sont nos ambassadeurs les plus influents. Aussi, au bout d’un an d’Extrême-Orient, je défie le plus coriace de nos anticléricaux de rester anticlérical, ou alors, c’est qu’il n’est pas Français !

Les missionnaires étaient arrivés chez le Consul de divers points du Mandchukuo et de la Mongolie. Ils avaient voyagé, et dans quels trains ! une, deux ou trois nuits, fait des lieues à pied ou en chaise, tout cela pour porter un toast à la santé de la France et regagner ensuite leur poste. Il y en avait de tout vieux, en Chine depuis cinquante ans, qui n’étaient jamais retournés en Europe. Ils étaient tannés, maigris, recuits, presque aussi jaunes que des Chinois. L’un d’eux, un jeune homme au