Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/248

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jours protégés et, vous le savez, ont même fait mieux. L’essentiel, pour un peuple, c’est de croire en quelque chose. Bien que profondément attaché à la religion de mes aïeux, je ne conçois pas l’intolérance. La seule chose que je ne puisse admettre, c’est le manque de foi.

L’Empereur a la bonté de me dire son regret de me voir quitter Hsin-King le soir même et me demande s’il peut faire quelque chose pour moi. Comme je lui réponds qu’en souvenir de sa personne il me serait agréable d’avoir sa photographie, un secrétaire m’en apporte plusieurs. J’hésite à faire mon choix, ce qui l’amuse ; enfin, décidé, je lui tends une photo.

— J’espère, dis-je, que l’Empereur me fera l’honneur de la signer ?

Le chambellan et le chef du protocole se regardent, interdits et l’Empereur hésite. J’ai su depuis que la signature est une grande faveur dont Sa Majesté n’est pas prodigue. Mais ce n’est point ce qui rend l’Empereur indécis : il n’aime pas la photo que je lui ai désignée et en choisit une plus grande. Debout à côté de lui, je le regarde dessiner d’une écriture de ballet les graves et fantasques lettres chinoises dont cha-