Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/269

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fait très bien. Cela sent bon le bois et la natte fleure le miel. Et tout est si merveilleusement propre que, lorsqu’on laisse tomber une cigarette ou un bonbon, on peut manger le bonbon et fumer la cigarette.

J’ai deux petites servantes : à elles deux elles ont trente ans. Elles ont une façon d’entrer, de me réveiller le matin, de trotter menu, d’être prêtes à s’escamoter qui ne cesse de me ravir. On ne s’imagine pas comme il est délicieux, sitôt rentré chez soi, de trouver deux femmes prosternées et qui vous sourient avec extase. Elles ont chaque fois l’air tellement heureux de me revoir ! J’entends bien qu’elles marquaient la même satisfaction au précédent locataire et que le locataire suivant héritera de leur sourire ; cela n’en est pas moins agréable. Jamais un mouvement d’humeur, jamais une moue contrariée ! Plus on leur donne d’ordres, plus elles paraissent contentes, plus elles se prosternent, plus elles sourient. Elles sont prévenantes sans être indiscrètes, et c’est à voix basse qu’elles gazouillent. Elles viennent de déplier une moustiquaire, toute la chambre y est enfermée.

Je me couche. J’aperçois le jardin entre