dis que les femmes des sampangs errants se donnent à vil prix aux marins et aux soldats des « nations barbares ».
À quelque classe de bateau qu’elle appartienne, aucune de ces demoiselles n’est Cantonaise. À la vérité, l’on ne sait rien de leurs origines, sinon qu’à travers les siècles, de mères en filles, elles vivent et meurent sur les sampangs.
Au bord du canal noyé d’ombre, deux d’entre eux, rangés le long de la Concession, attendent.
Je saute dans le premier sampang. Sous une bâche voûtée comme une cabine de gondole, une veilleuse brûle. J’aperçois quelques étoffes bariolées d’inscriptions, Une petite table et quelque chose qui doit être un lit. Je m’assieds à l’arrière, entre le vice-consul et Durec.
Deux femmes occupent le bateau : une vieille, une très jeune. Debout à l’avant, la vieille plonge une longue perche dans l’eau, s’arc-boute et la barque démarre. L’autre, accroupie sous la bâche, allume le réchaud pour le thé. Deux lourdes boucles d’oreilles d’argent encadrent son visage enfantin. Son petit nez écrasé, sa bouche épaisse, ses pommettes saillantes et ses