Chaque sampang, avec décence, n’expose au premier plan qu’un petit salon tout clinquant de cadres dorés, de glaces et de verroterie. De-ci, de-là, des nattes et des inscriptions sur des soies tendues.
Au deuxième plan, la chambre et le lit s’entrevoient, qu’aux moments opportuns masque un rideau ramagé.
Chaque sampang est tenu par deux ou trois courtisanes et le salon, correct, ignore la chambre.
Rien, d’ailleurs, ne donne moins l’impression de l’amour que cette cité qui en vend.
Sur les sampangs, quelques Chinois jouent au mah-jong, en buvant du thé vert ; d’autres fument ou reposent, étendus sur des divans ; nul ne s’occupe des femmes. Immobiles et peintes, assises dans leurs robes diaprées, le buste droit, leurs petites têtes face au canal, elles semblent oubliées là pour la nuit. L’une d’elles, parfois, bouge lentement pour suivre un client dans la pièce secrète, pour présenter le plateau de thé ou offrir des friandises, mais aussitôt, elle retrouve son immobilité de petite idole complaisante.
Lentement, ma barque glisse le long des