Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/57

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— J’ai toujours remarqué que c’est le soir, entre dix heures et demie et onze heures moins vingt-cinq que j’ai de la chance. Pouvez-vous me prêter cinq dollars ?

Elle dépose les billets dans la coupe, non sans avoir sorti un fétiche que lui a remis une amie chinoise. Là-dessus, elle fait le signe de la croix. La coupe descend et remonte, la mise doublée.

— Quelle heure est-il ? me demande Mlle da Fonseca, très pâle.

— Onze heures moins vingt-quatre.

— Alors, c’est fini. Partons.

À pied, nous traversons les quartiers réservés. Des lampions multicolores éclairent la rue étroite. Des troupes de petites filles peintes s’amusent dans les ruelles. Des commères mafflues, assises dans l’embrasure de leurs maisons basses, sitôt qu’un client survient interrompent la récréation. Alors, avec un air puni, une enfant quitte le groupe rieur.

— Allons au dancing, dis-je, écœuré. Il est perché au dernier étage de l’un des établissements modernes. Silencieuses, le buste droit, assises sur des banquettes et adossées au mur, les taxi-girls attendent.