Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/79

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— C’est vraiment Mei-lang-Fang, cette Jeune fille qui a l’air de s’envoler ? C’est Vraiment un jeune garçon ?

— Oui, répond Tellisson, mais ce n’est Pas un jeune garçon : il a trente-huit ans.

— Ça, par exemple ! Mais.

— Écoutez, interrompt Yen. « Elle » va chanter.

Des trilles suraigus, des cris dans l’azur, un piaillement éperdu d’oiseaux perchés ; Parfois des miaulements langoureux de chatte amoureuse et, martelant la mélopée perçante, le tonnerre triste des gongs.

Le public affolé d’enthousiasme pousse des « Oh ! oh ! » qui me rappellent le « Ollé » espagnol. Le chant s’accroît, monte, hystérique, puis brusquement la crise cesse.

— Vous n’êtes pas trop déçu ? me demande Yen.

— Aucunement, protestai-je. J’ai le tympan perforé, je suis un peu déconcerté mais je trouve cela extraordinaire.

— Une pièce chinoise donne toujours au spectateur européen l’impression d’un film au ralenti. Alors, vous ne vous ennuyez pas, vous êtes sûr ?

— Pas une minute, affirmai-je, sincère. Je comprends que je ne comprends pas,