Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/81

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Bernhardt qu’il aurait voulu connaître. Il a un air réservé et timide de jeune fille bien élevée. Je devais le revoir à déjeuner le lendemain, chez le consul de France : il était en complet veston, méconnaissable.

Je sais qu’il n’ose pas rentrer à Pékin. Il a reçu des lettres de menaces, on veut le « kidnapper », il est riche. À Shang-Haï, il ne risque rien.

Le régisseur crie quelque chose. C’est sûrement : « En scène pour le trois. »

— Vous avez le temps, me dit Mei-lang-Fang, qui me fait ouvrir un placard : ce sont mes robes et mes bijoux.

— Vous restez pour le troisième acte ? me demande Yen.

— Oui, rien ne me fera manquer le décor de la lune.

Le rideau se relève. Intrigué, je contemple le décor. Il n’est pas sommaire, il est moins et plus que cela : il est abstrait. Un portant glacé de givre, un disque au milieu de la scène, une lumière froide et bleue, c’est tout : la lune…

Au fait, pourquoi pas ?