Page:Le godmiché royal, 1789.djvu/12

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Range autour de mon con un bataillon de vits ;
A foutre tu verras que mon adreſſe excelle ;
Hébée, choiſis bien, & prouve-moi, ton zele ;
Qu’un extérieur flatteur ne frappe point tes ſens,
Souvent un beau dehors cache un mauvais dedans :
Ne m’amenes donc point de ces foutus viédazes
Que la vue d’un con fait reſter en extâſe,
Et qui pouvant à peine, au fort de leurs deſirs,
Effleurer foiblement le centre des plaiſirs,
S’amuſent, comme on dit, toujours à la moutarde :
Garde-toi d’amener cette race bâtarde,
Ces blonds colifichets, ces marquis charlatans,
Qui prennent à ſe mirer la moitié de leur tems,
Ces atômes brillans, qu’on nomme petits-maîtres ;
S’agit-il d’avancer, ce ſont autant de traîtres :
D’abord leurs vits ont l’air d’être forts & vaillans ;
Mais ſitôt le bougre décharge & fout le camp :
Je ne veux point non plus de ces blêmes poëtes ;
Du langage des cieux enflammés interpretes,
Par trop accoutumés au jeu de cinq contre un,
Lorſqu’ils voient un con, leur poignard importun,
Secondant auſſi-tôt leur verve fantaſtique,
Leur donne, en dépit d’eux, l’onction jéſuitique :
Je ne veux point non plus de ces vits bourſourflés.
Sans deſirs, ſans plaiſirs, ſuperbement gonflés ;
Car ils agitent en vain leur priapique enflure,
Et n’ont dans les couillons ni foutre ni luxure :
Mais, pour le dire enfin, & pour parler raiſon,
Autant vaudroit ſe mettre du poiſon dans le con.