Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/417

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voilà sur le nez du professeur! Dans l'ardeur de la leçon, il ne s'en aperçoit pas tout d'abord, mais elle revient à la charge avec une effronterie sans pareille. Un combat s'engage, combat où la dignité de l'homme est souvent compromise. Il lève la main en l'air; elle est déjà bien loin! La sournoise! comme elle sait revenir à point et s'en aller à temps! M. Fayolle parait exaspéré. Je devine que lui aussi est bien loin des rivages de la Troade, et que, pas plus que moi à

à l'heure présente, il n'a souci du bouillant Achille ou du sage Nestor.

Enfin, le bon moment est venu, parait il M. Fajolle prend un parti; sa main, ramassée sur elle-même, avance doucement doucement comme un chasseur qui rab at le gibier; encore un effort, et la victoire est à lui. La mouche ne bronche pas c'en est fait d'elle. Pan! Il frappe un grand coup qui retentit sur son visage. Mes camarades lèvent le nez en l'air; la mouche est déjà bien loin, narguai?» au plafond son adversaire impuissant. Je n'y tiens plus, et je suis pris d'un fou rire qui met toute la classe en liesse.

« Grande retenue pour l'élève Naudet, » prononce le professeur d'une voix foudroyante.

Maudite mouche qu'est-elle venue faire sur mon encrier ? '? Voilà mon jeudi perdu

Un si beau jeudi une partie de pèche aux éc revisses

Le lendemain,je fis bravement ma retenue. Comme je rentrais le soir à la maison paternelle, je rencontrai la troupe joyeuse de mes camarades revenant de la pèche.

« Hé Naudet, me cria un mauvais plaisant; la Habette et ses écrevisses te font mille compliments; tout le monde a regretté ton absence. »

Je fis bon visage, mais dans le fond j'étais très peuaud. Que la Habetlc devait être engageante par cette chaude après-midi! Quel plaisir de clapoter

Elle est tl.jù bien loin (.P. i 1 1 col, 2.)

dans l'eau fraîche et de goûter à l'ombre', au bord du ruisseau

« Vraiment, dis-je à ma mère d'un air de mauvaise humeur, je voudrais bien savoir à quoi servent les mouches, si ce n'est a faire punir de pauvres garçons sans malice. »

Ma mère ne moralisait jamais que lorsque je lui en fournissais l'occasion par une question directe, mais alors elle savait toujours me répondre avec une

et, suivi d'Abisaï et d'Abimélech, il pénétra dans la tente royale à la faveur de la nuit. Tout le monde dormait. L'occasion était bonne pour se débarrasser de celui qui avait juré la perte de David. Déjà Abisaï levait le bras pour frapper.

« Ne touche pas à l'oint du Seigneur, dit David en l'arrêtant; j'emporterai seulement la coupe du roi pour qu'il sache que j'ai tenu sa vie entre mes mains et que je l'ai respectée. »

» Mais, au moment de quitter la tente, un obstacle imprévu se présenta. Saiil, dans l'agitation de son fiévreux sommeil, avait peu à peu abandonné sa cou-

sagesse que j'admirais en dépit de mon élourderie.

« A quoi servent les mouches? reprit-elle avec un fin sourire. Eh, mon enfant, tu n'es pas le premier qui se pose ce problème. Bien avant toi, il y a plusieurs milliers d'années, le roi David, lui aussi, se plaignait de l'importunité des mouches « Seigneur Dieu, disait-il, je me rappelle toutes vos merveilles, je médite chaque jour, pour les admirer, les œuvres de vos mains; mais à quoi servent, je me le demande vainement, ces insectes turbulents et bourdonnants contre lesquels la force de l'homme est impuissante ? »

» A quelque temps de là, David, persécuté par Saül, fuyait de montagne en montagne, de vallée en vallée. Poussé par l'esprit de Dieu, il vint au désert de Ziph où campait le roi d'Israël,