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Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/69

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leurs aussi, dans l'interrogatoire que nous leur avons fait subir, ils ont affecte chacun dans leurs réponses un air, une attitude différente. Paul s'est exprimé sans gène, comme sans jactance il a simplement protesté, sinon de son innocence, au mpins de l'innocence de.ses intentions/André au contraires paru finasser, ergoter; il a eu le regard a la fois sournois et impertinent.

Chacun avait, pris un défenseur..Ceim de Paul a trouvé vingt preuves à citer de l'application, de la sincérité habituelles de ce studieux, enfant, et les élevés qui formaient l'auditoire ont fait alors entendre une rumeur approbative et sympathique. Quand l'avocat d'André a voulu reconnaître à celui ci les mêmes qualités, l'auditoire a souri. et que sais-je encore?

Bref, après avoir tout employé pour que les douze écoliers élus arbitres aient pu se former une idée nette des circonstances dans lesquelles le méfait a été commis, ou non commis, et afin qu'ils puissent, même en l'absence de~preuves contradictoires, se prononcer au besoin sur la probabilité, nous leur avons posé ainsi la question pour chacun des accusés «Sur votre honneur et conscience, l'accusé est-il coupable ?

–Et, s'il est coupable, vous semble-t-il- que la gravité de sa faute soit~ atténuée par des considérations quelconques ? Répondez par oui ou par non, sans vous, inquiéter d'avoir à fournir les raisons qui vous rallient a un avis plutôt qu'à l'autre.

Alors, sur leur honneur et conscience, et sans qu'on songeât a leur demander les motifs de leur opinion, le plus grand nombre a répondu « Non, Paul n'est pas coupable)'! En conséquence, Paul est a c~M!'Me,,bien qu'il y ait eu réellement faute commise, avouée mais la conscience des arbitres lui aura tenu compte de ses louables habitudes, de sa franchise normale.

Quand vient le tour d'André, le plus grand nombre des arbitres répond « Oui,, André est coupable ». Et comme on attend qu'ils se prononcent sur les considérations qui pourraient atténuer sa culpabilité, ils gardent le silence, ce qui veut dire qu'ils n'admettent point d'excuse à la faute.

En conséquence, André est condamné par son maitro.aux trois cents lignes et aux deux heures de retenue, peine qui eût été mitigée si les ~CN'coHs<«HCM atténuantes eussent été admises. Ses antécédents, son maintien, lui ayant'nui dans l'esprit des arbitres, il leur aura paru. mais nous n'avons pas a discuter leur réponse.

Or, savez-vous ce que nous avons fait en traduisant fictivement devant ces écoliers arbitres deux écoliers accusés d'un méfait semblable? Nous avons établi ce que nos ancêtres, qui sentaient la valeur morale de cette grande institution, réclamaient toujours au temps oit la justice était souvent trop arbitraire ce qu'ils appelaient le jugement par lespaf')'~(ou gens de pareille condition), et ce que nous appelons aujourd'hui un jury.

Comprenez vous maintenant la différence qui existe entre déclarer coupable et condamner? entre le jury qui apprécie la culpabilité, et le juge qui. prononce la peine, qui applique la loi, selon les, déclarations du jury? Ce jury, on le compose de gens appartenant à toutes les classes éclairées et indépendantes, qui n'ont nul besoin de connaître-le Code, et qui trouvent, surtout leur principale force de décision L dans ce large et généreux principe qu'ils n'ont à donner à personne le poto'~MOt des avis qu'ils émettent tandis que des juges de profession auraient toujours a'les appuyer sur des considérations légales.

En plusieurs pays, toutes les accusations, depuis les plus légères jusqu'aux plus graves, sont portées devant les jurés. Chez nous, le jury ne prononce, que sur les faits réputes criminels.

On a dit des tribunaux ordinaires qu'on y est jugé selon la loi, et du jury que c'est le tribunal du cœur. C'est bien dit car si le jury se trompe, r– nulle justice humaine n'est infaillible, ses erreurs ne sauraient être rapportées à une plus noble, aune plus avouable source.

-L'ONCLE ANSELME.


LIVINGSTONE


On a dit avec raison que les hommes devaient-être apprécies d'après leur grandeur d'âme. La vie de Livingstone e'st un des plus beaux exemples que l'on puisse citer d'un probité irréprochable, alliée à l'esprit, le plus élevé. Depuis sa plus tendre enfance, celui qui devait obtenir un jour le premier rang parmi les voyageurs contemporains, s'est signalé par une persévérance vraiment inouïe et qui révélait les plus nobles aspirations. La dure écolo de la misère semble l'avoir préparé aux grands combats qu'il eut plus tard à soutenir, et lui a permis de triompher des obstacles sans nombre qui auraient.arrêté les voyageurs les plus hardis.

Livingstone est né en Ecosse dans le village de Blantyre, en 1815. Ses parents étaient de simples cultivateurs ils voulurent que leur fils fût ouvrier; il obéit. Tout semblait, dès lors, lui fermer l'accès de la science; il sut, par des efforts obstinés, surhumains, briser tous les obstacles il se fit son propre maître et le meilleur des maîtres. Il partagea son existence en deux parts l'une consacrée a son labeur manuel, l'autre.à l'étude. Il lisait lé matin avant de se rendre à l'atelier, il n'en sortait le soir que pour ouvrir son livre; même dans la journée, posant quelque ouvrage de science ou littérature Sur son métier, il dévorait les pages des yeux, tandis que les mains poussaient leur besogne.