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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/171

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CHAPITRE VIII

LES DERNIERS ASMONÉENS


Les derniers princes de la dynastie asmonéenne ne le cèdent certainement pas aux Macchabées en valeur militaire. Ils sont sans cesse en guerre, d’abord pour agrandir leur domaine, puis ils osent affronter la puissance romaine, beaucoup plus redoutable que celle des Syriens par la continuité des vues et une tactique éprouvée. Hyrcan et ses successeurs prirent à leur service des mercenaires, comme tous les princes du temps. Il n’en est pas moins vrai que la race juive se montra belliqueuse, ardente au combat, acharnée dans sa résistance. On l’oublie trop aujourd’hui, sous l’impression des rouflaquettes pendant le long des tempes qui donnent même à des jeunes gens un aspect pacifique et efféminé. Un esprit de prosélytisme agressif animait alors ceux dont les pères aspiraient seulement à la liberté religieuse.

Aussi serait-ce une erreur de regarder ces princes comme infidèles au Judaïsme ou seulement comme attiédis. Quel était donc au juste ce philhellénisme que leur reprochaient les Pharisiens ?

Ce n’était sûrement pas un relâchement dans les observances. Grands prêtres, ils étaient responsables des fonctions sacrées qui se pratiquaient régulièrement. Mais ils prirent aussi le titre de Rois. De ce chef ils devaient avoir une cour, à la façon des monarchies grecques orientalisées, avec son étiquette, des réceptions fastueuses, des festins. Le pouvoir royal n’admettait pas de contrôle et ne consentait pas toujours à prendre des conseils. Sur certaines monnaies, le prince portera encore comme Hyrcan le titre de grand prêtre en s’associant la communauté ou la nation des Juifs ; sur d’autres il sera seulement le Roi. Nous avons vu la rupture se produire entre Jean Hyrcan et les Pharisiens, dont il avait été d’abord le disciple, au moment où ceux-ci ont pris trop au sérieux l’invitation à lui donner des avis. Elle s’accentuera chaque jour davantage. Les Pharisiens, d’abord un parti purement religieux, avaient été associés au pouvoir et y avaient pris goût. Ce n’est pas sans une lutte atroce que le Roi s’émancipera de toute tutelle et qu’eux-mêmes reviendront à leur rôle de docteurs, non sans conserver sur le peuple une domination complète dont ils entendront bien se prévaloir dans l’ordre politique, jusqu’au jour où ils devront renoncer