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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/172

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à la lutte, quand les Asmonéens auront dû céder la place à Hérode et aux Romains.

L’amère désillusion des Pharisiens amènera une volte-face de leurs espérances, même religieuses, et c’est dans l’ancien messianisme, un instant perdu de vue, qu’ils abriteront leurs espérances de voir refleurir la Loi, telle qu’ils la comprennent, et telle qu’ils prétendent bien eux-mêmes la faire exécuter.


§ 1. Aristobule Ier (104-103).


Nous savons peu de chose d’Aristobule, fils aîné d’Hyrcan, qui ne régna qu’un an, si vraiment il a pris le titre de roi[1]. Strabon, cité par Josèphe, écrit d’après Timagène qu’il fut d’un caractère tempéré, et qu’il agrandit le territoire des Juifs, ayant annexé une partie du peuple des Ituréens, qu’il obligea à la circoncision[2]. Les Ituréens habitant l’Anti-Liban, une expédition aussi lointaine est peu vraisemblable. Schürer[3] a pensé à la Galilée, mais nous croyons qu’elle était déjà au pouvoir des Juifs, au moins la Basse Galilée. On pourrait songer à une pénétration rapide par les plaines de Qounêtra au delà du Jourdain jusqu’aux environs de Banias[4], ou soupçonner quelque confusion.

La circoncision était imposée à tous ceux qui faisaient partie de l’État. Ce zèle n’empêchait pas le roi, nommé par les Juifs Juda, et qui avait pris le nom grecd’Aristobule, de se montrer Philhellène et peut-être d’en recevoir le titre[5]. Il était donc plus porté que son père Jean Hyrcan à faire des avances à l’hellénisme, et par là même à encourir la haine des Pharisiens. On croirait volontiers que c’est d’après leurs rancunes qu’a été tracé le portrait que nous a laissé Josèphe d’un roi qui emprisonne sa mère et la laisse mourir de faim, qui tient ses frères en captivité, fait tuer le seul d’entre eux qu’il aimât, et meurt déchiré par ses remords.


§ 2. Alexandre Jannée (103-76)[6].


Un caractère dur et indomptable. Son frère Aristobule le tenait en

  1. Josèphe le dit, Ant., XIII, xi, 1, Bell., I, iii, 1, mais ses monnaies portent seulement : « Juda, grand prêtre et la nation des Juifs ». D’après Strabon (XVI. 2, 40) ce fut Alexandre Jannée qui prit le titre royal.
  2. Jos., Ant., XIII, xi, 3.
  3. I, 275. Schürer fait état du silence de Josèphe jusqu’à ce moment. Mais ce silence se perpétue, et la Galilée n’est pas mentionnée parmi les pays devenus juifs à la mort d’Alexandre Jannée. Et cependant qui avait le Carmel, le Thabor, Scythopolis, Gamala, avait sûrement la Galilée. Elle fut sans doute annexée par Jean Hyrcan, comme une suite naturelle de la conquête de Samarie.
  4. Comm. Lc., p. 101.
  5. Ant., XIII, xi, 3 χρηματίσας μὲν φιλέλλην.
  6. Son nom hébreu était Jonathan, abrégé en Jannai. L’équivalence avec le nom grec est fournie par les monnaies : יהונתן המלך || ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΥ ; d’autre monnaies portent seulement : « Jonathan le grand prêtre et la nation des Juifs ».