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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/529

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serviteurs exclusifs de Iaô et des Judéens moins fidèles, ou même des Samaritains (1) ?

Comme rien ne distingue deux groupes, le plus sûr est de reconnaître en eux les descendants des inconvertissablos du temps de Jérémie. En ce qui regardait Anath ils se montraient complaisants pour leurs femmes. Béthelleur rappelait les plus précieux souvenirs de l’histoire de Jacob. Les formes de l’ancien culte national devenaient des personnalités divines, à peine distinctes du dieu des ancêtres qui s’était manifesté à Béthel. L’ancienne religion demeurait contaminée, comme avant l’exil, mais elle n’était pas entamée par celle des Égyptiens. Qu’un Judéen ait juré par la déesse Sati, ce lui parut sans doute une satisfaction inoffensive envers les tribunaux du pays d’autant qu’un serment prêté sur une divinité qui n’était rien n’engageait vraiment à rien, — si déjà régnait cette casuistique.

Les Judéens d’Éléphantine, organisés militairement, sourdement hostiles à la religion égyptienne pratiquée dans tout le pays, sacrificateurs sacrilèges aux yeux des prêtres de Chnoum, demeuraient donc aux yeux de la population des étrangers ou plutôt des ennemis. Leur tactique était naturellement de prendre le parti des Perses, comme les musulmans de l’île de Chypre s’appuient aujourd’hui sur les Anglais contre les Grecs. Adorateurs presque exclusifs d’Ahuramazda, le dieu du ciel, les Perses s’entendaient facilement avec les adorateurs de Iaho, Dieu du ciel, dans le mépris pour l’idolâtrie et le culte des animaux sacrés. Ils ne firent, semble-t-il, aucune tentative pour assimiler leur religion à celle des vaincus, eomme feront plus tard les Grecs. Leur domination fut donc toujours mal assise, et si les Judéens avaient le bénéfice de leur protection, ils encouraient les mêmes haines. Ils devaient succomber avec eux. Peut-être même furent-ils spécialement victimes d’une nouvelle agression, plus redoutable que celle de Widarnag qui ne s’en était pris qu’au temple.

Un document (2), malheureusement mutilé, ne s’explique guère que comme une lettre, sans doute un nouvel appel de secours, relatant un massacre dont les Juifs avaient été victimes. Des hommes gisaient inanimés à la porte extérieure et les femmes étaient retenues captives, si elles n’avaient pas été, elles aussi, mises à mort. Dans le désordre général, les maisons avaient été pillées. Les derniers mots sont particulièrement obscurs et même incertains. On croit pouvoir entendre : « L’ordre n’est pas encore rétabli ; reste dans ta maison, toi et tes fils

(1) C’est le système de M. Van Hoonacker.

(2) SACH., Pap. 15 ; cf. MEYER, p. 96.