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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/61

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-mation de Dieu, donnant hardiment comme une preuve de son intervention cette certitude infaillible opposée à la vaine confiance des Babyloniens abrités derrière leurs fameuses murailles. Tandis qu’Ézéchiel transmettait aux captifs la fatale issue du siège de Jérusalem, Isaïe, censé présent à Babylone, élève la voix pour se faire entendre de Sion :

Élève la voix avec force,
toi qui portes à Jérusalem la bonne nouvelle
élève-la, ne crains point ;
dis aux villes de Juda :
« Voici votre Dieu »[1].

Jamais le pardon n’avait été offert avec autant de mansuétude :

Comme un berger, il fera paître son troupeau ;
il recueillera les agneaux dans ses bras,
et les portera sur son sein ;
il conduira doucement celles qui allaitent[2].

Vraiment il parlait « au cœur de Jérusalem »[3], de cette Jérusalem, assise humiliée sur les bords des fleuves de Babylone, et qui pleurait au souvenir de Sion[4].

L’approche de Dieu, le contact de son bras sauveur, la douceur d’être pardonné, d’être aimé par ce Père, de reposer sur son sein : tous ces traits déjà évangéliques n’ont été bien compris qu’après la venue de Jésus-Christ. Alors ils ne pénétraient pas assez profondément les âmes pour abolir la haine sauvage des vaincus. Du moins ils rendaient évidents les desseins de Dieu, étaient le gage d’une volonté qui s’affirmait toute puissante :

Oui, moi, je suis Dieu, et il n’yen a point d’autre…
qui dis « Mon dessein subsistera,
et je ferai toute ma volonté » ;
qui de l’Orient appelle l’aigle,
d’un pays éloigné l’homme de mon dessein.
J’ai parlé, j’accomplirai ;
j’ai résolu, j’exécuterai !…
Je donnerai le salut à Sion,
ma gloire à Israël[5].

  1. Is., xl, 9.
  2. Is., xl, 11.
  3. Is., xl, 2.
  4. Ps. cxxxvii.
  5. Is., xlvi, 9 ss.