Aller au contenu

Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/628

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Judaïsme. Celui-ci a toujours eu pour le Christianisme un éloignement à la fois instinctif et délibéré, presque une horreur sacrée. Et le Christianisme n’a jamais consenti à faire aux Juifs des concessions de doctrine, tempérant seulement le sentiment pénible que lui inspirait leur hostilité par des ménagements, dus à l’espérance de leur conversion, en partie aussi à l’utilité du témoignage que rend à l’Église leur attachement à l’Ancien Testament, regardé par les deux parties comme ayant Dieu pour auteur.

Et c’est précisément sur cette Parole de Dieu que s’est toujours engagée la lutte entre elles.

Le Christianisme prétend tenir ses titres de l’ancienne Révélation accordée aux fils d’Israël. Est-il vraisemblable que son interprétation soit la bonne, si elle contredit l’exégèse des docteurs palestiniens, penchés sur les textes, se refusant à toute étude profane pour réserver à l’Écriture toutes les ressources de leur esprit bandé vers ce seul objet, et si elle n’est pas moins contraire à une autre interprétation, celle d’un Philon, dont l’esprit, fécondé par la culture hellénique, appliquait à l’Écriture toutes les lumières de la philosophie ?

On peut toujours supposer l’intervention d’un génie extraordinaire. Mais où est-il ? Est-ce Jésus, qui n’a laissé aucune œuvre écrite, qui n’a que rarement allégué l’autorité de l’Écriture ? Est-ce Paul dont on connaît bien l’argumentation, parfois d’allure rabbinique, d’autres fois plus personnelle, mais alors risquant de paraître insérer dans ses explications des éléments nouveaux et étrangers ? Les Juifs refusent de voir en lui un interprète correct des Livres Saints qu’il leur a empruntés, et beaucoup de critiques leur donnent raison : ils voient dans cet élément paulinien l’invasion de la mystique grecque.

Ici s’ouvre pour nous une parenthèse. Nous aurions à faire sur la religion grecque avant J.-C. la même enquête que sur le Judaïsme. Mais nous pouvons fermer la parenthèse par l’autorité de saint Paul lui-même ; car il affirme avec la plus chaleureuse énergie que cet élément nouveau qui lui a donné la clef de l’Ancien Testament, c’est l’auteur de la nouvelle Alliance, le Christ Jésus auquel il a consacré tout son esprit et tout son cœur.

Et c’est ici le point capital des origines chrétiennes par rapport au Judaïsme.

La foi au Christ, Fils de Dieu, rédempteur du monde, ne saurait être extraite ni du Judaïsme Pharisien, ni même de l’Écriture ancienne par voie de pure interprétation littérale.

Quelques chrétiens semblent avoir essayé cette voie, lorsqu’ils se sont crus obligés de prouver par exemple la foi à la Trinité par l’apparition