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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/87

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DEUXIÈME PARTIE

LES FAITS ET LES DOCTRINES


CHAPITRE III

ANTIOCHUS IV ET LES MACCHABÉES[1]


La bataille du Panéion en 198 av. J.-C. donna la Palestine à Antiochus le Grand. Séleucus avait fondé un grand empire macédonien qui s’étendait

  1. Notre principale source sur la lutte entre le Judaïsme et l’Hellénisme est l’histoire contenue dans les deux livres canoniques des Macchabées. Le premier va de la tentative d’Antiochus Épiphane à la mort de Simon. Il a purement l’allure d’un livre historique, quoiqu’il ne soit pas détaché de l’issue de la lutte et qu’il voie dans les faits l’action de Dieu. Il a très bien compris que l’enjeu était la religion elle-même, et que la victoire de la religion des Juifs avait été acquise, pour Dieu et par Dieu, grâce à Mattathias et à ses fils, secondés par la partie saine du peuple juif. La joie qu’il a du triomphe de la Loi se colore de reconnaissance envers la dynastie Asmonéenne. Ce patriote zélé n’entrevoit aucune raison de dissocier dans l’avenir les deux éléments du salut dans le passé ; l’obéissance à la Loi et la fidélité aux nouveaux chefs que la nation s’est donnés après qu’elle a été sauvée par leur initiative. Il écrit donc avant le temps où la rupture d’Hyrcan avec les Pharisiens donna naissance à deux factions, l’une attachée exclusivement aux intérêts religieux, qu’elle croyait incompatibles avec l’exercice du souverain pontificat par les chefs temporels, l’autre attachée à un ordre de choses qui avait fait ses preuves.

    Il semble avoir été interrompu par la mort, car le dernier verset (xvi, 22) consacré à Jean, n’est point le terme régulier d’une histoire bien écrite. Personne ne s’est cru autorisé à la continuer, et l’éditeur s’est contenté de renvoyer, pour les faits relatifs à Jean, aux Annales de sa souveraine sacrificature, à partir du jour où il devint grand prêtre.

    Le caractère historique du livre apparaît surtout clairement par son soin de dater les principaux événements. Il le fait d’après l’ère des Séleucides. On discute depuis longtemps, et aujourd’hui avec la même conviction de part et d’autre, si I Macch. s’en tient à la date officielle syrienne, vers le 1er oct. 312 av. J.-C., ou s’il part du printemps précédent (Nisan 312), ou encore s’il part du printemps 311. Cette dernière opinion est peu soutenue et peu fondée. L’ère officielle est suggérée par la coïncidence avec les dates de l’histoire, le printemps 312 par la coïncidence avec les années sabbatiques et le fait incontestable que pour l’auteur lui-même l’année commençait au mois de Nisan (mars-avril). Connaissant aujourd’hui la ponctualité des Juifs à dater du fond de l’Égypte, à Assouan, d’après les années des rois de Perse, il nous paraît impossible d’admettre que l’historien juif se soit écarté du comput officiel (à supposer même qu’en Babylonie l’ère des Séleucides ait commencé au printemps de 312).

    Il n’était pas tellement étrange d’employer simultanément cette ère d’automne à automne et une année commençant au printemps. Dans les pays musulmans les chrétiens suivaient et suivent encore leur calendrier julien ou grégorien, et sont cependant soumis à l’année lunaire musulmane pour les actes officiels, comme le paiement de l’impôt, etc.

    Quant aux années sabbatiques, il est difficile de les fixer et plus encore de marquer le moment où la pénurie qu’elles occasionnaient cessait de se faire sentir.