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les mille nuits et une nuit

autres choses, à la mort de mon père par ordre du vizir, à son trône usurpé, à mon œil abîmé que vous voyez, vous tous ! et à tout ce qui était arrivé au fils de mon oncle en fait de choses étranges ; et je ne pus m’empêcher de pleurer !

Après cela, nous sortîmes de la tombe ; et nous refermâmes le couvercle ; puis nous le couvrîmes de terre et nous mîmes la tombe dans l’état où elle était auparavant ; et ensuite nous retournâmes à notre demeure.

À peine y étions-nous arrivés et assis, que nous entendîmes des sons d’instruments de guerre, de tambours et de trompettes, et nous vîmes courir des guerriers : et toute la ville fut pleine de rumeurs, de bruit et de la poussière soulevée par les sabots des chevaux. Et vraiment notre esprit devint fort perplexe de ne pouvoir arriver à connaître la cause de tout cela. Enfin le roi, mon oncle, finit par en demander la raison, et on lui répondit : « Ton frère a été tué par son vizir, qui s’est hâté de rassembler tous les soldats et toutes les troupes et de venir ici au plus vite, pour prendre subitement la ville d’assaut ! Mais les habitants de la ville ont vu qu’ils ne pouvaient lui résister : aussi lui ont-ils livré la ville à discrétion ! »

À ces paroles, moi, je me dis en moi-même : « Sûrement, il me tuerait si je tombais entre ses mains ! » Et, de nouveau, les chagrins et les soucis s’amoncelèrent en mon âme, et je me remis à me remémorer tristement tous les malheurs survenus à mon père à ma mère. Et je ne savais plus que faire. D’un autre côté, si je venais à me montrer, les habitants de la ville et les soldats de mon père me recon-