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les mille nuits et une nuit

advenir au pâtissier dont nous avions mangé les douceurs et dont, en retour, nous avions fendu la tête avec un coup de pierre, alors que nous n’avions eu qu’à nous louer de son hospitalité. En vérité, nous lui avons rendu le mal pour le bien ! » Et l’eunuque répondit : « J’écoute et j’obéis ! »

Alors Agib et l’ennuque sortirent des tentes, car Agib agissait ainsi sous une impulsion aveugle suscitée par l’amour filial inconscient. Arrivés en ville, ils ne cessèrent de marcher dans les souks jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés à la boutique du pâtissier. C’était l’heure où les croyants se rendaient à la mosquée des Bani-Ommiah pour la prière de l’asr.

Juste à ce moment, Hassan Badreddine était dans sa boutique occupé à confectionner le même délicieux plat que l’autre fois : grains de grenade aux amandes, sucre et parfums à point ! Aussi Agib put bien observer le pâtissier, et il vit sur son front la trace du coup de pierre qu’il lui avait porté. Alors son cœur en fut encore plus attendri, et il dit : « Que la paix soit avec toi ! ô pâtissier tel ! C’est l’intérêt que je te porte qui me pousse à venir prendre de tes nouvelles. Ne me reconnais-tu pas ? » À peine Hassan l’eut-il vu qu’il sentit ses entrailles se bouleverser, son cœur battre à coups désordonnés, et sa tête se pencher vers le sol comme pour tomber, et sa langue se coller à son palais sans pouvoir articuler un mot. Enfin il put relever la tête vers l’enfant, et tout humilié, tout soumis, il lui récita ces strophes :

J’avais résolu de faire des reproches à mon amou-