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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/188

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les mille nuits et une nuit

enseigner son propre métier, le travail à l’aiguille. Mais Aladdin, qui était un enfant dévoyé, habitué à jouer avec les jeunes garçons du quartier, ne put s’astreindre à rester un seul jour à la boutique. Au contraire ! au lieu d’être attentif au travail, il guettait l’instant où son père était obligé soit de s’absenter pour quelque affaire, soit de tourner le dos pour s’occuper d’un client, et aussitôt il détalait en toute hâte et courait rejoindre dans les ruelles et les jardins les jeunes vauriens qui lui ressemblaient. Et telle était la conduite de ce garnement qui ne voulait ni obéir à ses parents ni apprendre le travail de la boutique. Aussi son père, fort chagriné et désespéré d’avoir un fils enclin à tous les vices, finit par l’abandonner à son libertinage ; et, dans sa douleur, il fit une maladie dont il mourut. Mais cela ne corrigea point Aladdin de sa mauvaise conduite, pas du tout !

Alors la mère d’Aladdin, voyant que son époux était mort et que son fils n’était qu’un vaurien dont il n’y avait rien à faire, se décida à vendre la boutique et tous les ustensiles de la boutique, afin de pouvoir subsister quelque temps avec le produit de la vente. Mais comme cela fut bien vite épuisé, elle dut prendre l’habitude de passer ses jours et ses nuits à filer la laine et le coton pour tâcher de gagner quelque chose dont se nourrir et nourrir son fils, le garnement.

Quant à Aladdin, lorsqu’il se vit délivré de la crainte de son père, il n’eût plus aucune sorte de retenue et s’enfonça bien plus dans la gaminerie et la perversité. Et il passait ainsi toutes ses journées hors de la maison, pour n’y rentrer que juste aux