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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/189

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aladdin et la lampe magique
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heures des repas. Et la pauvre mère, cette malheureuse, continua, malgré tous les torts de son fils à son égard et l’abandon où il la laissait, à le faire vivre du travail de ses mains et du produit de ses veilles, en pleurant toute seule des larmes bien amères. Et ce fut ainsi qu’Aladdin atteignit l’âge de quinze ans. Et il était vraiment beau et bien fait, avec deux magnifiques yeux noirs, et un teint de jasmin, et un aspect séduisant, tout à fait.

Or, un jour d’entre les jours, comme il était au milieu de la place située à l’entrée des souks du quartier, uniquement occupé à jouer avec les petits gamins et les vagabonds de son espèce, un derviche maghrébin vint à passer par là, qui s’arrêta à regarder obstinément les enfants. Et il finit par attacher ses regards sur Aladdin et par l’observer d’une façon bien singulière et avec une attention toute particulière, sans plus s’occuper des autres petits garçons, ses camarades. Et ce derviche, qui venait du fin fond du Maghreb, des contrées de l’intérieur lointain, était un insigne magicien fort versé dans l’astrologie et la science des physionomies ; et il pouvait, par la puissance de sa sorcellerie, faire se mouvementer et se heurter les unes contre les autres les plus hautes montagnes. Il continua donc à observer Aladdin avec beaucoup d’insistance, en pensant : « Le voilà enfin le garçon qu’il me faut, celui que je cherche depuis si longtemps, et pour lequel je suis parti du Maghreb, mon pays…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.