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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/208

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les mille nuits et une nuit

merveilleux que je veux te montrer et qui n’a pas son pareil dans le monde ! Raffermis donc tes forces et prends courage, Aladdin, maintenant que tu es un homme ! » Et il continua à l’encourager, tout en lui donnant des conseils sur sa conduite dans l’avenir, et en le poussant à se détacher de la fréquentation des enfants pour se rapprocher plutôt des hommes sages et prudents. Et il sut le distraire d’une telle manière, qu’il finit par arriver avec lui au pied de la montagne, au fond d’une vallée déserte où il n’y avait, pour toute présence, que celle d’Allah !

Or, c’était là précisément le but de voyage du Maghrébin ! Et c’était pour arriver dans cette vallée-là qu’il était parti du fond du Maghreb et était venu aux extrémités de la Chine !

Il se tourna donc vers Aladdin exténué de fatigue et lui dit en souriant : « Nous sommes arrivés au but, mon fils Aladdin ! » Et il s’assit sur un rocher et le fit s’asseoir à côté de lui et l’entoura de ses bras avec beaucoup de tendresse et lui dit : « Repose-toi un peu, Aladdin. Car je vais pouvoir enfin te montrer ce que jamais n’ont vu les yeux des hommes. Oui, Aladdin, tu vas voir tout à l’heure, ici même, un jardin plus beau que tous les jardins de la terre. Et c’est seulement après que tu auras admiré les merveilles de ce jardin, que tu auras vraiment raison de me remercier, et que tu oublieras les fatigues de la marche, et que tu béniras le jour où tu m’as rencontré pour la première fois. » Et il le laissa se reposer un instant, avec des yeux tout ronds d’étonnement à la pensée de voir un jardin dans un endroit où il n’y avait que des rochers bouleversés et des buissons.