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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/210

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les mille nuits et une nuit

appliqua un soufflet si terrible qu’il faillit lui enfoncer les dents et qu’Aladdin en fut tout étourdi et s’affaissa sur le sol.

Or le Maghrébin ne l’avait traité de la sorte que pour le dominer une fois pour toutes, vu qu’il était nécessaire à son opération et que, sans lui, il ne pouvait tenter l’entreprise pour laquelle il était venu. Aussi, lorsqu’il le vit gisant hébété sur le sol, il le releva et lui dit d’une voix qu’il essaya de rendre fort douce : « Sache, Aladdin, que si je t’ai traité de la sorte, c’est pour t’apprendre à être un homme ! Car je suis ton oncle, le frère de ton père, et tu me dois l’obéissance ! » Puis il ajouta, d’une voix tout à fait douce : « Allons ! Aladdin, écoute bien ce que j’ai à te dire, et n’en perds pas un mot ! Car, ce faisant, tu en retireras des avantages considérables, et tu oublieras bien vite les divers ennuis qui t’arrivent ! » Et il l’embrassa et, l’ayant désormais tout à fait réduit et dominé, il lui dit : « Tu viens de voir, mon enfant, comment le sol s’est entr’ouvert par la vertu de mes fumigations et des formules que j’ai prononcées ! Or il faut que tu saches que j’ai agi de la sorte uniquement pour ton bien ; car au-dessous de cette plaque de marbre que tu vois au fond du trou, avec un anneau de bronze, se trouve un trésor qui est écrit en ton nom et ne peut s’ouvrir que sur ton visage ! Et ce trésor, qui t’est destiné, te rendra plus riche que tous les rois ! Et, pour te bien prouver que ce trésor est bien destiné à toi et non à un autre, sache qu’il n’est possible qu’à toi seul au monde de toucher cette plaque de marbre et de la soulever ; car moi-même, malgré toute ma puis-