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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/257

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aladdin et la lampe magique
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veilleuses ! Certes, ces pierreries sont uniques en leur espèce ! Et les plus précieux joyaux de l’armoire de notre roi ne valent pas, réunis, le plus petit de ces fruits-là ! non, je ne le pense pas ! » Et le roi dit : « Et n’est-ce pas, ô mon vizir, que le jeune Aladdin qui m’envoie, avec sa mère, un si beau présent, mérite sans aucun doute, et bien plus que n’importe quel fils de roi, de voir agréer sa demande de mariage avec ma fille Badrou’l-Boudour ? »

À cette question du roi, à laquelle il était loin de s’attendre, le vizir devint bien changé de teint et bien lié de langue et bien chagriné ! Car le sultan lui avait promis, depuis fort longtemps, de n’accorder en mariage la princesse à d’autre qu’à un fils qu’il avait et qui brûlait d’amour pour elle depuis l’enfance. Aussi, après un long moment de perplexité, d’émoi et de silence, il finit par répondre d’une voix fort triste : « Oui, ô roi du temps ! Mais Ta Sérénité oublie qu’elle a promis la princesse au fils de ton esclave ! Je te demande donc en grâce, si ce cadeau d’un inconnu t’agrée vraiment, de m’accorder seulement un délai de trois mois, au bout duquel je m’engage à trouver moi-même un présent encore plus beau que celui-ci à offrir en dot, pour mon fils, à notre roi ! »

Or, le roi, qui savait bien, à cause de ses connaissances en fait de joyaux et de pierreries, que nul homme sur la terre, fût-il fils de roi ou de sultan, n’était capable de trouver un cadeau qui approchât, de près ou de loin, de ces merveilles uniques en leur espèce, ne voulut point désobliger son vieux vizir en lui refusant la grâce qu’il sollicitait, quel-