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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/265

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aladdin et la lampe magique
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dans le lit comme par force, tandis que, selon l’usage des nouvelles mariées en pareille circonstance, elle faisait semblant de résister beaucoup et se contournait en tous sens, cherchant à s’échapper de leurs mains. Et lorsqu’elles l’eurent mise au lit, sans chercher à regarder le fils du vizir qui y était déjà couché, elles se retirèrent toutes ensemble, en faisant des vœux pour la consommation. Et la mère, qui sortit la dernière, ferma la porte de la chambre, en poussant, selon l’usage, un grand soupir.

Or, dès que les deux nouveaux mariés se trouvèrent seuls, et avant qu’ils eussent le temps de se faire la moindre caresse, ils se sentirent soudain soulevés avec leur lit, sans pouvoir se rendre compte de ce qui leur arrivait. Et, en un clin d’œil, ils se virent transportés hors du palais et déposés dans un endroit qu’ils ne connaissaient pas, et qui n’était autre que la chambre d’Aladdin. Et, pendant qu’ils étaient plongés dans l’épouvante, l’éfrit vint se prosterner devant Aladdin et lui dit : « Ton ordre, ô mon maître, est exécuté. Et me voici prêt à t’obéir pour tout ce qu’il te reste à me commander ! » Et Aladdin lui répondit : « Il me reste à te demander d’enlever ce jeune entremetteur et d’aller l’enfermer, pour toute la nuit, dans le cabinet d’aisances ! Et, demain matin, reviens ici prendre mes ordres ! » Et le genni de la lampe répondit par l’ouïe et l’obéissance, et se hâta d’obéir. Il enleva donc brutalement le fils du vizir et alla l’enfermer dans les cabinets, en lui enfonçant la tête dans le trou. Et il jeta sur lui un souffle froid et puant qui l’immobilisa comme un