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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/266

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les mille nuits et une nuit

morceau de bois dans la situation où il se trouvait. Et voilà pour lui !

Quant à Aladdin, lorsqu’il fut seul avec la princesse Badrou’l-Boudour, il ne songea pas un instant, malgré le grand amour qu’il éprouvait pour elle, à abuser de la situation. Et il commença par s’incliner devant elle, en tenant la main sur son cœur, et, d’une voix bien passionnée, il lui dit : « Ô princesse, sache qu’ici tu es plus en sécurité que dans le palais du sultan, ton père ! Si tu te trouves en cet endroit que tu ne connais pas, c’est seulement pour que tu ne subisses pas les caresses de ce jeune crétin, fils du vizir de ton père ! Et moi, bien que je sois celui auquel tu as été promise en mariage, je me garderai bien de te toucher, avant que le temps soit venu et avant que tu sois devenue mon épouse légitime, par le Livre et par la Sunnah ! »

À ces paroles d’Aladdin la princesse ne put rien comprendre, d’abord parce qu’elle était bien émue et parce que, ensuite, elle ignorait et la promesse ancienne de son père et toutes les particularités de l’affaire. Et, ne sachant que dire, elle se contenta de pleurer beaucoup. Et Aladdin, pour lui bien prouver qu’il n’avait aucune mauvaise intention à son sujet et pour la tranquilliser, se jeta tout habillé sur le lit, à la place même qu’occupait le fils du vizir, et prit la précaution de mettre un sabre nu entre elle et lui, pour bien montrer par là qu’il entendait se donner la mort plutôt que de la toucher, fût-ce du bout des doigts. Et même il tourna le dos du côté de la princesse, pour ne pas la gêner par n’importe quel endroit. Et il s’endormit en toute tranquillité,