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histoire de kamar et de l’experte halima
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disant que tu viens de m’acheter au marché. Et nous verrons bien si cela lui ouvrira les yeux ! » Et elle se leva et s’habilla effectivement en esclave, et accompagna son amoureux à la boutique de son mari. Et Kamar dit au vieux joaillier : « Voici une esclave que je viens d’acheter mille dinars d’or. Vois si elle te plaît ! » Et, parlant ainsi, il leva son voile. Et le joaillier faillit s’évanouir en reconnaissant sa femme, ornée des magnifiques pierreries qu’il avait travaillées lui-même, et portant au doigt les bagues dont Kamar lui avait fait présent. Et il s’écria : « Comment s’appelle cette esclave ? » Et Kamar répondit : « Halima ! » Et le joaillier, à ces paroles, sentit sa gorge se dessécher, et tomba à la renverse. Et Kamar et l’adolescente profitèrent de son évanouissement pour se retirer.

Lorsqu’Osta-Obeid fut revenu de son évanouissement, il courut chez lui de toutes ses forces, et il faillit cette fois mourir de surprise et d’effroi en trouvant son épouse avec la même parure qu’il venait de lui voir, et il s’écria : « Il n’y a de force et de protection qu’en Allah l’Omniscient ! » Et elle lui dit : « Eh bien, ô fils de l’oncle, de quoi t’étonnes-tu donc ? » Il dit ; « Qu’Allah confonde le Malin ! Je viens de voir une esclave qu’a achetée mon jeune ami, et qui paraît être une autre toi-même, tant elle te ressemble ! » Et Halima, comme suffoquée d’indignation, s’écria : « Comment, ô calamiteux à barbe blanche ! tu oses m’outrager par des soupçons si honteux ? Va te convaincre par tes propres yeux, et cours chez ton voisin pour voir si tu ne vas pas y trouver l’esclave ! » Il dit : « Tu as raison ! Il n’y a