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histoire de kamar et de l’experte halima
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c’est une princesse ? » Il répondit : « Ce n’est pas une princesse, mais c’est celle dont la beauté a été la cause de mon voyage. Car c’est d’elle que nous avait parlé le derviche. Et je me propose maintenant de l’épouser d’après la Sunnah et la loi ! » Et il raconta à son père toute son histoire, depuis le commencement jusqu’à la fin. Mais il n’y a pas d’utilité à la répéter.

En apprenant cette aventure de son fils, le vénérable marchand Abd el-Rahmân s’écria : « Ô mon fils, que ma malédiction soit sur toi dans ce monde-ci et dans l’autre, si tu persistes à vouloir épouser cette femme sortie de l’enfer ! Ah ! crains, ô mon enfant, qu’elle ne se conduise un jour envers toi d’une manière aussi éhontée qu’envers son premier mari ! Laisse-moi plutôt te chercher ici une épouse parmi les jeunes filles de bonne famille ! » Et il l’admonesta longuement et lui parla si sagement que Kamar répondit : « Je ferai ce que tu désires, ô mon père ! » Et le vénérable marchand embrassa son fils, à ces paroles, et ordonna aussitôt d’enfermer Halima dans un pavillon retiré, en attendant qu’il prît une décision à son sujet.

Après quoi, il s’occupa de chercher dans toute la ville une épouse convenable pour son fils. Et, après des démarches nombreuses de la mère de Kamar auprès des femmes des notables et des riches marchands, on célébra les fiançailles de Kamar avec la fille du kâdi, qui était certainement la plus belle jouvencelle du Caire. Et à cette occasion, pendant quarante jours entiers, on n’épargna ni les festins, ni les illuminations, ni les danses, ni les jeux. Et le