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les mille nuits et une nuit

comme elle se tenait silencieuse avec un air fort contrit, ils lui dirent que ce n’était pas tout, mais qu’il fallait bien que cessât, sans retard, cet état si contraire aux coutumes et aux mœurs des Croyants. Et ils ajoutèrent : « Il faut absolument que tu te décides, sur l’heure, à choisir celui de nous deux que tu veux garder pour époux !. »

À ces paroles de ses deux maris, l’adolescente baissa la tête, et réfléchit profondément. Et ils eurent beau la presser de prendre sans retard une détermination, il fut impossible de lui faire désigner celui qu’elle préférait, car elle les trouvait tous deux égaux en vaillance, force et résistance. Mais comme, impatientés de son silence, ils lui criaient d’une voix menaçante qu’elle eût à faire son choix, elle finit par relever la tête et dit : « Il n’y a de recours et de miséricorde qu’en Allah le Très-Haut le Tout-Puissant ! Ô hommes, puisque vous m’obligez à choisir entre vous, et à prendre un parti qui coûte à l’affection que je vous ai vouée également, et comme, réflexion faite et conséquences pesées, je n’ai aucun motif de préférer l’un à l’autre, voici ce que je vous propose ! Vous vivez tous deux de votre adresse, et en cela votre conscience est en repos, et Allah qui juge les actions de Ses créatures d’après les aptitudes qu’il a mises dans leur cœur, ne vous repoussera pas du sein de Sa bonté. Toi, Akil, tu escamotes, le jour, et toi, Haram, tu voles, la nuit. Eh bien, je déclare devant Allah et devant vous, que je garderai pour époux celui de vous deux qui aura donné la meilleure preuve d’adresse, et accompli la plus fine prouesse ! » Et tous deux répondirent par l’ouïe et