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les mille nuits et une nuit

leur place un anneau de cuivre qui lui appartenait. Après quoi il referma soigneusement le sac, et, rejoignant le Juif dépouillé, il le lui glissa adroitement dans la poche de son kaftân, comme si de rien n’était. L’adresse est un don d’Allah, ô Croyants !

Or, à peine le Juif eut-il fait quelques pas, que de nouveau l’escamoteur s’élança vers lui, mais bien ostensiblement cette fois, en lui criant : « Misérable fils d’Aâron, ton châtiment est proche ! Rends-moi mon sac, ou bien à nous deux chez le kâdi ! » Et le Juif, à la limite de la surprise de se voir ainsi pris à partie par un homme qu’il ne connaissait ni de père ni de mère, et qu’il n’avait jamais vu, de sa vie, commença d’abord, pour éviter les coups, par se confondre en excuses, et jura par Ibrahim, Ishak et Yâcoub que son agresseur se trompait de personne, et que, pour sa part, il n’avait jamais songé à lui enlever son sac ! Mais Akil, sans vouloir rien entendre de ses protestations, ameuta contre lui tout le souk et finit par le prendre par son kaftân, en lui criant : « Moi et toi chez le kâdi ! » Et, comme il résistait, il le saisit par la barbe et le traîna, au milieu des huées, devant le kâdi.

Et le kâdi demanda : « Quelle est l’affaire ? » Et Akil aussitôt répondit : « Ô notre maître le kâdi, ce Juif, de la tribu des Juifs, que j’amène entre tes mains dispensatrices de la justice, est certainement le voleur le plus audacieux qui soit encore entré dans la salle de tes décrets. Voici qu’après m’avoir volé mon sac plein d’or, il ose se promener dans le souk avec la tranquillité du musulman irréprochable ! » Et le Juif, la barbe à moitié arrachée, gémit : « Ô