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histoire de la jambe de mouton
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notre maître le kâdi, je proteste ! Jamais je n’ai vu ni connu cet homme qui m’a brutalisé et réduit en l’état lamentable où je suis, après avoir ameuté le souk contre moi et détruit à jamais mon crédit et ruiné ma réputation de changeur irréprochable ! » Mais Akil s’écria : « Ô maudit fils d’Israël, depuis quand la parole d’un chien de ta race prévaut-elle contre la parole d’un Croyant ? Ô notre maître le kâdi, ce fourbe nie son vol avec autant d’audace que ce marchand des Indes dont je pourrais raconter l’histoire à ta seigneurie, si elle ne la connaît pas ! » Et le kâdi répondit ; « Je ne connais pas l’histoire du marchand des Indes ! Mais que lui est-il arrivé ? Dis-le moi brièvement ! » Et Akil dit : « Sur ma tête et sur mon œil ! Ô notre maître, pour parler brièvement, ce marchand des Indes était un homme qui avait réussi à inspirer tant de confiance aux gens du souk, qu’un jour un gros dépôt d’argent qui fut confié, sans demande de reçu. Et il profita de cette circonstance pour nier le dépôt, le jour où le propriétaire vint le lui réclamer. Et, comme il n’y avait contre lui ni témoins ni écritures, il aurait certainement mangé en toute tranquillité le bien d’autrui, si le kâdi de la ville n’eût réussi, par sa finesse, à lui faire avouer la vérité. Et, cet aveu obtenu, il lui fit appliquer deux cents coups de bâton sur la plante des pieds, et le chassa de la ville ! » Puis Akil continua : « Et maintenant j’espère d’Allah, ô notre maître le kâdi, que ta seigneurie pleine de sagacité et de finesse trouvera aisément le moyen de démontrer la duplicité de ce Juif ! Et, d’abord, permets à ton esclave de te prier de vouloir