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les mille nuits et une nuit

qu’il l’est en ce moment, et se couvre de la rouille pacifique du repos ! » Et le porte-glaive baisa le pan de la robe du khalifat et rentra dans le rang. Or, tout cela est pour prouver quel souverain juste et clément était le sultan Môhammad.

Et, comme la séance allait être levée, le sultan aperçut, derrière les rangs des dignitaires, un cheikh d’âge, au visage chargé de rides et au dos voûté, qu’il n’avait pas encore interrogé. Et il lui fit signe de s’approcher, et lui demanda quel était son emploi dans le palais. Et le cheikh répondit : « Ô roi du temps, mon emploi consiste, en tout et pour tout, à veiller simplement sur un coffret qui m’a été remis en garde par le défunt sultan, ton père. Et, pour cet emploi, il m’est alloué, sur le trésor, dix dinars d’or tous les mois ! » Et le $ultan Môhammad s’étonna de cela, et dit : « Ô cheikh, c’est une bien grosse paie pour un emploi si aisé ! Mais qu’y a-t-il dans le coffret ? » Il répondit : « Par Allah, ô notre maître, il y a quarante ans déjà que je l’ai en garde, et j’ignore ce qu’il contient ! » Et le sultan dit : « Va et l’apporte au plus vite ! » Et le cheikh se hâta d’exécuter l’ordre.

Or, le coffret que le cheikh apporta devant le sultan était en or massif et richement ouvragé. Et le cheikh, sur l’ordre du sultan, l’ouvrit pour la première fois. Or, il ne contenait qu’un manuscrit tracé en lettres brillantes sur de la peau de gazelle teinte en pourpre. Et il y avait, tout au fond, une petite quantité de terre rouge.

Et le sultan prit le manuscrit en peau de gazelle, qui était écrit en caractères brillants, et voulut lire