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les clefs du destin
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et me dit : « Tiens, ya Hassân Abdallah, voici dix dinars d’or, de chez Allah, afin que tu les dépenses et nous en achètes ce qui est nécessaire à nos besoins et à ceux de ta maison ! » Et moi je ne pus refuser l’offre de l’hôte, et je pris les pièces d’or. Et l’abondance et le bien-être rentrèrent dans ma maison.

Or, chaque jour, le Bédouin, mon hôte, me remettait la même somme et, d’après ses ordres, je la dépensais de la même façon. Et cela dura quinze jours. Et je glorifiais le Rétributeur pour ses bienfaits.

Or, au matin du seizième jour, le Bédouin, mon hôte, me dit, après les salams : « Ya Hassân Abdallah, veux-tu te vendre à moi ? » Et moi je répondis : « Ô mon maître, je suis déjà ton esclave, et je t’appartiens par la reconnaissance ! » Mais il me dit : « Non, Hassân Abdallah, ce n’est pas ainsi, que je l’entends ! Si je te demande de te vendre à moi, c’est que je désire t’acheter réellement : Ainsi, je ne veux point marchander ta vente, et je te laisse le soin de fixer toi-même le prix auquel tu veux être vendu ! » Et moi je ne doutai pas un instant qu’il ne parlât ainsi pour plaisanter, et je répondis, par manière de rire : « Le prix d’un homme libre, ô mon maître, est fixé par le Livre à mille dinars, s’il est tué d’un seul coup. Mais si on le tue en s’y prenant à plusieurs fois, en lui faisant deux ou trois ou quatre blessures, ou si on le coupe en plusieurs parts, alors son prix revient à mille cinq cents dinars ! » Et le Bédouin me dit : « Il n’y a point d’inconvénient, Hassân Abdallah ! je te paierai cette dernière somme, si tu veux consentir à ta vente ! » Et moi, comprenant